Fidji - En quoi le forfait de Caleb Muntz est un coup (très) dur pour les Fidjiens ?

06/09/2023
Le jeune ouvreur fidjien s'est blessé au genou, il ne participera pas à la Coupe du Monde ©Infog - JK/World Rugby
Le jeune ouvreur fidjien s'est blessé au genou, il ne participera pas à la Coupe du Monde ©Infog - JK/World Rugby

Les Fidji ont annoncé la blessure au genou de leur ouvreur et buteur Caleb Muntz. Le jeune numéro dix de 23 ans, est forfait pour l'ensemble de la compétition et ne disputera pas son premier mondial. Une absence qui va causer des maux têtes aux coaches fidjiens et qui va couter cher à la sélection au palmier. Explications.

Publié le 06/09/2023 à 19h26 par Quentin Barbaza

C'est une annonce qui a ébranlé bien plus que l'effectif des Flying Fijians. Ce mercredi matin, un communiqué publié par la fédération fidjienne a acté la blessure, et par conséquent, le forfait du prometteur ouvreur Caleb Muntz pour l'ensemble de la Coupe du Monde. Basé à Bordeaux où ils disputeront leur premier match dimanche face au Pays de Galles (21h), les Fidjiens se retrouvent sans leur meneur de jeu. Un coup qui va causer des maux de tête aux sélectionneur Simon Raiwalui, qui a tenu à donner quelques précisions sur la nature de la blessure de son ouvreur. "Lundi, Caleb s'est blessé au genou lors d'une séance sans contact. C'est une catastrophe pour nous, il a travaillé si dur ces deux dernières années avec les Fijian Drua et en sélection. On a beaucoup de peine pour lui qui est un jeune homme, il rate la Coupe du monde à quelques jours de l'ouverture...". 

Effectivement, voir Muntz repartir vers l'archipel du Pacifique tient de la catastrophe. Même si cela ne réduit en rien les chances de qualification fidjiennes, cela aura un impact certain pour une sélection qui a toujours eu du mal à mettre la main sur un ouvreur de talent et habile dans l'exercice du tir au but. À 23 ans, Caleb Muntz devait mener son équipe vers une première qualification pour les quarts de finale depuis 2007, chose qui semble atteignable après les dernières prestations des Fidjiens (victoire 30-22 à Twickenham face à l'Angleterre, le 26 Août dernier). Eux qui figurent dans une poule C plus ouverte que jamais avec une Australie et un Pays de Galles en pleins doutes. 

©Fiji Rugby Union
©Fiji Rugby Union

Fiabilité défensive et sérénité face aux perches

Si désormais Caleb Muntz porte le maillot frappé du palmier, c'est sans doute car il n'a pas pu s'imposer dans la très rude machine du rugby néo-zélandais. Lui qui est né dans le patrie des All Blacks, Muntz a des origines fidjiennes grâce à son père né dans l'archipel. L'ouvreur acuel des Fijian Drua a été formé aux joutes du rugby maori. Un jeu qui se veut offensif, où la volonté de jouer les turnovers est ultra présente. Mais qui a également une philosophie basée sur la solidité défensive et l'efficacité dans les rucks pour récupérer des ballons. Dans la ligne arrière fidjienne Muntz amène cette technique. Pour preuve, lors de la dernière victoire des Fidji en Angleterre, Muntz a été le joueur de la ligne de trois-quarts qui a le plus plaqué (huit plaquages réussis pour un seul manqué). Cette patte défensive, beaucoup d'arrières fidjiens ne l'ont pas (ou alors souvent à la limite), eux qui ont la fâcheuse habitude d'être souvent sanctionnés. Muntz lui semble toujours être dans la règle. Aucune pénalité sifflée contre lui lors des matchs de préparation. Avec un physique plutôt léger et en dessous de la moyenne au premier abord (1m78, 85kg), Caleb Muntz est un bon gratteur pour son poste. Contre la France ainsi que contre l'Angleterre il a réussi à récupérer deux ballons. Des atouts de taille dont devront se passer les Fidjiens face à des nations que l'on connaît dures sur l'homme comme peut l'être le Pays de Galles ou encore la Géorgie. 

Après avoir vanté ses mérites défensifs, on ne peut pas passer à côté de sa fiabilité dans l'exercice si singulier du tir au but. Longtemps, voire indéfiniment, les Fidjiens ont cherché un ouvreur capable de récompenser par trois points leurs efforts. Un numéro 10 capable d'enquiller les coups de pied peu importe la position sur le terrain, comme ont la plupart des nations phares. L'habituel titulaire, Ben Volavola n'est pas un expert. C'est sans doute pour cela, qu'il n'a pas été retenu dans le groupe final. Caleb Muntz, lui, apporte enfin cette sérénité. Face aux Anglais et aux Bleus, l'ouvreur fidjien n'a tout simplement pas manqué une seule tentative. Sous le maillot fidjien, il est pour l'instant le meilleur ouvreur en terme de pourcentage de réussite avec 92% de coups de pieds convertis. Un chiffre qui reste à relativiser au regard de son nombre de sélection (4). Il devance dans ce classement la légende fidjienne du poste Nicky Little, recordman du nombre de points marqués avec les Fidji (670 points inscrits entre 1996 et 2011). Little qui tout comme Muntz est né en Nouvelle-Zélande, de quoi en faire de lui le digne héritier ?

Et maintenant ?

Désormais à Lormont au camp de base, aux Fidji ou chez les supporters de la nation double championne olympique, la question du remplaçant de Caleb Muntz est dans tous les esprits. Quand on regarde le groupe sélectionné, plus qu'un seul demi d'ouverture de métier reste apte, à savoir Teti Tela. À 32 ans, Tela a déjà porté sept fois le maillot de la sélection. Lui qui est également le coéquipier de Muntz en club, dans la franchise des Fijian Drua, est le remplaçant logique. Mais on le sait beaucoup moins fiable, dans le jeu au pied courant ou même face aux perches et la couverture de terrain. Au niveau défensif, Tela peut combler les manques de ses coéquipiers, lui qui est habitué à dépanner au poste de centre également.

Enfin, deux autres options semblent se présenter à Simon Raiwalui pour pallier à l'absence de son jeune ouvreur. Soit appeler un joueur supplémentaire au poste de 10, soit utiliser la polyvalence de son groupe. Dans le premier cas, il se pourrait que Ben Volavola revienne et profite de la blessure de son compatriote. Tout juste débarqué à Agen en Pro D2, il n'est pas loin géographiquement du camp de base des Fidjiens. En plus de cela, il connaît le plan de jeu, lui qui a participé à la préparation avec le groupe mais n'a pas été retenu. Dernier argument en faveur de Volavola, il a l'expérience de ces grandes compétitions, lui qui était du voyage en Angleterre en 2015 ou au Japon en 2019. Avec ses 42 sélections, le néo-Agenais semble le mieux placé pour recevoir un coup de téléphone et rejoindre à la dernière minute sa sélection. Puis, il faut analyser le cas de Vilimoni Botitu. Même si de formation il est plus centre qu'ouvreur, le Castrais a déjà joué à la charnière avec le maillot fidjien. Étant barré par la concurrence à son poste de Waisea, Tuisova ou Radradra, Botitu peut voir là une opportunité de gagner du temps de jeu dans cette compétition. 

Si plusieurs cartes sont encore entre les mains de Raiwalui, avec l'absence de Muntz, le sélectionneur fidjien vient sans doute de perdre son plus bel atout. Celui qui devait ramener l'archipel dans les huit meilleures nations mondiales. Mais pour ceux que l'on surnomme "les magiciens du rugby", cette absence ne devrait pas les empêcher d'enchanter les pelouses de l'Hexagone à coups d'offloads et relances fantasques. Ils pourraient bien même nous réserver quelques tours de passe-passe et déjouer la hiérarchie...

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